Dans ses conclusions, la plateforme nous indique d’ailleurs que “Le niveau moyen d’engagement au travail pourrait continuer de baisser au cours des 12 prochains mois“.
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cette information : Surcharge de travail ? Multiplication des crises ? Mauvaise qualité de vie au travail ? Manque de motivation ? Automatisation des tâches ? Arrivée de l’intelligence artificielle ?
Dans un contexte où il est devenu évident pour les entreprises que l’engagement au travail est un enjeu majeur, la nouvelle a de quoi inquiéter. D’autant plus lorsque l’on sait qu’un salarié engagé est source de forte plus-value : un taux d’engagement important augmente de 10 % la satisfaction client, de 22 % la profitabilité et de 21 % la production des employés.
D’ailleurs, la production des employés est également au centre de toutes les attentions depuis quelques années, car comme le révèle le journal Le Monde : “la productivité a chuté de 3,6% en 3 ans, entre fin 2019 et fin 2022.” Ce chiffre peut s'expliquer par l’impact de la crise COVID-19 sur la productivité des salariés et notamment le télétravail et les confinements à répétition qui ont perturbé toute l’organisation du travail des entreprises, mais d’autres facteurs sont aussi à prendre en compte : l’environnement de travail, le manque de communication, l'augmentation du turn over, la difficulté de recruter des talents et la mauvaise gestion au quotidien des équipes.
Pour tenter de contrer ce phénomène, un certain nombre d’entreprises accordent aujourd'hui une attention particulière à la Qualité de Vie au Travail (QVT) et mettent en place des initiatives pour améliorer le bien-être de leurs employés.
Par exemple, depuis leur création en novembre 1953, les congés payés qui étaient initialement de seulement 2 semaines ont augmenté depuis pour atteindre aujourd’hui 5 semaines. Les salariés sont parfois très bien chouchoutés par leur employeur, qui en plus des journées de récupération comme les RTT, augmentent le seuil légal des 5 semaines pour leur offrir une meilleure qualité de vie.
D’autres part, on constate depuis ces dernières années une vraie évolution du bien-être en entreprise, pour s’assurer de l’engagement des salariés : sports, cours de yoga, crèche, outils de mesure de la satisfaction au travail, Comité d’entreprise, remboursement des transports, télétravail, séminaires, team building, semaine de 4 jours, etc.
On n’arrête pas d’innover pour permettre aux salariés de mieux s’épanouir au sein des entreprises, et cela sert aussi à la marque employeur des sociétés pour attirer de nouveaux candidats dans cette “guerre des talents” !
Alors comment expliquer cette baisse de motivation et de l’engagement des salariés malgré tous ces progrès ? Il semblerait qu’il subsiste toujours des défis à relever…
Face à ce constat d'échec dans l'engagement des salariés au travail, il est logique de se demander si ces progrès ne sont pas finalement que temporaires ou superficiels. Ou peut-être que le rapport au monde professionnel a évolué ? La réponse se trouve probablement de ce côté là.
En effet on constate aujourd’hui que la vie au travail et la vie personnelle sont de plus en plus entremêlées et que les pistes pour séparer les deux sont brouillées. Les mesures prises pour améliorer la QVT perdent donc de leur efficacité dans un monde du travail en pleine mutation. Il ne faut probablement plus penser QVT mais Qualité de Vie en Général et miser sur la santé mentale des salariés, leur bien-être en entreprise et en dehors de celle-ci et leur offrir de vrais moments de déconnexion et de vie en dehors de l’entreprise… proposés justement par l’entreprise elle-même !
L’absence de prise en compte des problèmes structurels, le manque d’implication et de soutien de la part de la direction, les inadéquations des solutions proposées, ou encore le manque de suivi et d'évaluation ne sont plus les vrais problèmes des entreprises. Même si ces sujets sont toujours d'actualités, il est nécessaire que les entreprises abordent la QVT de manière globale et systémique.
En prenant à bras le corps ce sujet, en identifiant et en traitant les problèmes sous-jacents qui peuvent affecter le bien-être des employés, que ça soit au travail mais aussi dans leur vie de tous les jours, les entreprises pourront re-gagner du terrain sur l'engagement des salariés. Les mesures de QVT doivent donc désormais être intégrées dans la culture et les pratiques de l'entreprise de manière durable pour véritablement améliorer les conditions de travail et le bien-être des salariés, que ça soit en entreprise ou en dehors de celle-ci.
Réinventer la notion de vie professionnelle et vie personnelle, cependant sans que l'entreprise soit intrusive pour le salarié, mission impossible ? Si le sujet semble compliqué, abordé dans un cadre réfléchi, cela peut devenir une opportunité de repenser entièrement la façon dont nous organisons notre temps, nos priorités et nos engagements.
Au lieu de considérer la vie professionnelle et personnelle comme deux entités séparées, il devient nécessaire de promouvoir une approche intégrée, dans sa globalité et dans laquelle les aspects personnels et professionnels peuvent co-exister avec harmonie. Cela peut se traduire par une flexibilité dans les horaires, des politiques de travail responsables, la confiance donnée aux salariés et la promotion d'un équilibre sain entre les différents domaines de la vie. Le tout fonctionnant en vase communicant, car les frontières n'existent tout simplement pas !
Un article de Welcome to the jungle indique d'ailleurs que l'équilibre entre vie pro et vie perso exprime mal ce que les individus ressentent et vivent aujourd'hui. il n'existe pas pas la vie pro et vie perso comme deux entités séparées : “Il y a la vie, point”. Libéré de ces frontières imaginaires entre vie pro et vie perso, on comprend finalement qu'il il y a seulement la vie, avec des composantes familiales, amicales, professionnelles, individuelles etc. Et c'est justement sur ce terrain là que les entreprises doivent se tourner pour ré-engager leurs salariés et développer leur productivité.
Maintenant que l'on comprend que les frontières entre la vie personnelle et la vie professionnelle n'existe pas, il semble évident que les outils actuels mis en place pour les salariés ne portent plus leurs fruits. Un sujet pourtant fait surface depuis quelques années, et serait une des solutions pour lutter contre le désengagement et la baisse de la productivité : proposer des temps de pause et de déconnexion aux salariés.
En effet, pendre des pauses longues permet de créer un moment "bulle", en dehors de la routine quotidienne et incite les salariés à vivre des expériences ressourçantes et enrichissantes. Ces pauses, plus longues que les congés payés posés au fil de l'année, permettent aux salariés de créer une vraie coupure et créer une vraie bouffé d'air frais. Cela permet dans un premier temps de réduire le stress, de favoriser la détente et de stimuler l'esprit en dehors des soucis habituels.
C'est également l'occasion de passer du temps pour accomplir des objectifs de vie profonds, qui participent à l'épanouissement des salariés sur le long terme, de prendre le temps de se former, de se cultiver, de se vider la têtes, bref de vivre !
Les breaks professionnels ont donc des effets positifs concrets sur l'engagement et la productivité au travail. On constate en effet que lorsqu'un salarié a eu l'occasion de faire une pause longue, il revient en entreprise les batteries rechargées, avec une amélioration de sa concentration et une capacité à être plus créatif et productif. D'autant plus que ces pauses longues permettent également d'acquérir de nouvelles compétences humaines et professionnelles qui seront un vrais atout pour la suite de sa carrière. De quoi joindre l’utile à l'agréable !
